« Lascaux n’est pas seulement un lieu ; c’est une rencontre avec l’esprit humain à son origine. » Ainsi s’exprime David Lewis-Williams, anthropologue, dans son ouvrage The Mind in the Cave (2002). Il souligne ici le caractère symbolique et unique de la grotte de Lascaux. Pour en saisir pleinement la portée, il faut revenir à sa découverte.
Une découverte extraordinaire : du hasard à la science
En 1940, Marcel Ravidat, un jeune mécanicien de 18 ans, se promène sur les collines de la Dordogne, au sud de Montignac-sur-Vézère, accompagné de trois camarades : Jean Clauzel, Maurice Queyroi et Louis Périer. Pendant leur exploration, ils découvrent une cavité mystérieuse qui éveille leur curiosité. Convaincus que ce passage pourrait dissimuler un trésor, ils décident de l’explorer dans les jours suivants. Munis de modestes outils, les quatre amis descendent dans l’ouverture et découvrent une grotte ornée de peintures fascinantes. Conscients de l’importance de leur trouvaille, ils alertent rapidement des adultes. Léon Laval, un instituteur local, descend alors dans la grotte avec Marcel et ses camarades. Cultivé et observateur, Laval identifie immédiatement des peintures préhistoriques et sollicite l’expertise de l’abbé Henri Breuil, grand spécialiste de la préhistoire.
Cette découverte marque le début de l’histoire moderne de Lascaux et fait rapidement résonner son nom à travers toute la France. Des figures éminentes comme l’archéologue André Glory, disciple de l’abbé Breuil, ainsi que le couple Arlette et André Leroi-Gourhan, consacrent leurs recherches à cette grotte. Ils mettent en lumière son caractère exceptionnel.
Lascaux : un chef-d’œuvre archéologique et artistique
Parmi les trouvailles, ils recensent 194 restes osseux, dont 125 identifiés comme appartenant à des animaux tels que le renne, le cheval, le cerf ou encore le lièvre. Ils découvrent également des silex, des pigments colorants et des outils. Mais ce sont surtout les peintures murales qui captivent les chercheurs. Ces représentations foisonnantes de la faune (chevaux, bisons, félins) contrastent avec l’absence totale de flore. Les experts cartographient aussi minutieusement la grotte, attribuant à ses espaces des noms évocateurs comme la Salle des Taureaux ou le Diverticule des Félins, souvent inspirés par Henri Breuil. Selon leurs analyses, les décorations datent d’environ 20 000 ans avant notre époque et proviennent d’Homo sapiens, comme le confirment les vestiges humains découverts en 1868 aux Eyzies-de-Tayac, également en Dordogne.
De nombreuses interrogations hantent encore l’esprit des spécialistes. Les Homo sapiens, chasseurs-cueilleurs nomades, ne vivaient pas dans les grottes. Alors, pourquoi Lascaux existe-t-elle ? Était-ce un sanctuaire ou un lieu à part dans leur quotidien ? Ces questions restent sans réponse. Les peintures, muettes, laissent libre cours à notre imagination. Pourquoi ces hommes ont-ils ressenti le besoin de laisser de telles traces, et que représentent-elles réellement ? Ces mystères continuent de fasciner chercheurs et grand public.
Un lieu de préservation et de transmission
Lascaux attire immédiatement l’attention. En 1948, la grotte ouvre au public et devient un haut lieu touristique. Mais la fréquentation intense modifie profondément son environnement : la température augmente, les sols s’abîment sous les coups de marteaux-piqueurs, et la poussière se dépose sur les peintures. En 1963, les autorités décident de fermer la grotte pour la préserver, mais les dégâts sont déjà considérables. Des tâches blanchâtres et verdâtres apparaissent et posent encore des défis aux conservateurs. En 1979, l’UNESCO inscrit la grotte de Lascaux au patrimoine mondial, reconnaissant son importance pour l’humanité. Malgré tout, sa préservation reste un combat constant contre les erreurs passées.
Aujourd’hui, la grotte continue de fasciner. Des expositions permettent au public d’en découvrir les merveilles. Lascaux II reproduit fidèlement la Salle des Taureaux et le Diverticule axial, tandis que Lascaux III et Lascaux IV offrent une immersion plus complète grâce aux nouvelles technologies comme la réalité virtuelle.
Ces découvertes ont déconstruit de nombreux stéréotypes sur la préhistoire. Elles révèlent l’ingéniosité et la sensibilité artistique des Homo sapiens, qui apparaissent désormais comme les premiers artistes de l’humanité, témoins d’une créativité extraordinaire.
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