Tout comme celles de Saint-Christau ou de Cutxan, nous trouvons Sainte-Fauste à droite, sur la route d’Eauze, en venant de Cazaubon, enfoncée dans les terres, elle domine la vallée de la Douze. Les origines du site remontent au moins à l’ère romaine puisque l’on a trouvé sur place des vestiges datant de cette période.
Selon la légende, ainte Fauste doit son nom au martyre d’une jeune chrétienne vivant à cet endroit, dans le haut Moyen-Age. Selon un manuscrit de l’abbé Escarnot, Sainte-Fauste a joui d’un grand prestige entre le Vème et IXème siècle dans ce coin du “Cazauboès”.
Elle dut vivre, selon l’abbé, à l’époque “où le roi Euric, arien fanatique, faisait massacrer les catholiques et remplissait la Novempopulanie de deuils et de larmes”. La dévotion à Sainte-Fauste dura plusieurs siècles. Toujours selon les mêmes sources, de grands protiges s’opéraient sur son tombeau, autour duquel, affluait une foule de pélerins et de croyants. En reconnaissance, les habitants du lieu, lui élevèrent “une superbe basilique”. Mais, les Normands qui saccageaient le pays, brûlèrent l’église en 864. L’édifice dut être rebâti et subit les vicissitudes de la guerre de Cent Ans et autres affrontements locaux. Comme les autres églises de la commune, nous la retrouverons en construction au XVI° siècle. El dépit du prestige de Sainte Fauste et du sceau local qu’il représentait, l’église fut consacrée à Saint-Laurent. C’est un des mystères de l’histoire et de la foi. L’abbé Cazauran, historien local, s’étonnait déjà de cette substitution, voici plus de cent ans. Nous lui laissons la plume, pour décrire en détail, l’église telle qu’il la voyait, en fin connaisseur, en 1889.
L’examen extérieur de Sainte-Fauste nous oblige à penser que cet édifice appartient, peut-être, par sa base au XIIème siècle. O, remarque, au midi surtout, entre le clocher et la petite chapelle perpendiculaire au mur du midi, plusieurs assises de pierre en grand appareil, jusqu’à une hauteur de plusieurs mètres. Dans ce mur se trouve même une fenêtre romane primitive qui fut longtemps cachée par le presbytère que l’on avait eu le mauvais goût d’adosser à l’église reconstruite. Cette partie du mur et quelques assises du nord, furent donc, à notre avis les éléments de l’église romane primitive. Puis, au XIIIe et XIVe siècle, l’édifice aura été détruit à nouveau pendant les guerres anglaises, et c’est plus tard, au XVe ou au XVIe siècle que l’on aura greffé sur l’église romane presque démolie, une belle église gothique, un peu hybride il est vrai, à cause de la mouture donnée à la plupart des fenêtres, qui sont franchement romanes, quoique trilobées au sommet, en certains cas, comme au midi par exemple, à la première fenêtre de l’est, première travée de la nef.
La petite chapelle du midi, perpendiculaire au mur du midi de l’église, est-elle de l’époque de la fondation de l’église romane ? Non, pensons-nous, bien qu’elle soit bâtie en pierre de grand appareil, comme l’église romane elle-même, et que sa fenêtre méridionale soit romane. La forme en bâtière de la voûte de cet édifice, nous incline à penser que cette addition date, peut-être, de l’époque de la reconstruction de l’édifice.
Toute l’église gothique, probablement retouchée au sommet, à l’époque des guerres de religions, est bâtie en briques, si nous exceptons les éléments que nous avons indiqué et les contreforts qui sont en bonne pierre de la carrière de Biren, qui semble avoir fourni la pierre de toutes les églises restaurées, des environs de Cazaubon.
Le chevet est à pans coupés, puissamment soutenus aux angles, par des contreforts qui leur font face. Le plan terminal a un large vitrail gothique et des baies trilobées. Les quatre autres pans ont une fenêtre romane, étroite et haute. Quatre puissants contreforts soutiennent les murs de la nef au nord et au midi. A l’ouest, l’église est précédée d’une large tour carrée à la base, et pourvue de petites fenêtres cintrées. Deux contreforts font face à ses angles sud-ouest et nord-ouest. La tour prend, après le premier élément, la forme octogonale, et est couverte en simple toiture.
Une fenêtre gothique est pratiquées aux quatre faces principales, seulement, celles du levant et du couchant, sont aveuglées. Au nord et au midi, la base de la tour est pourvue d’une arcade gothique, donnant accès dans le porche intérieur, établi à la base de la tour, et dominée par une voûte en croisée d’ogive, dont les nervures reposent aux angles, sur les consoles. A l’angle du sud-ouest du clocher, se voit une tourelle qui permet de monter au sommet de la tour. Cette tour est bien postérieure à l’église, qui du reste, semble ne pas avoir été achevée. Les pierres d’attente que l’on remarque au nord, près de la tour, prouvent qu’ol avait eu la pensée d’ajouter, au moins, une travée, à l’ouest. Il est fâcheux que ce travail n’est jamais été accompli ; l’harmonie et la commodité de l’église, y auraient gagné beaucoup.
Intérieur :
On pénètre dans l’église par le porche, au nord et au midi. Une grande arcade gothique met le porche en communication avec la nef de l’église qui s’abrite sous une voûte en croisée d’ogive qui, de ce fait, n’a que deux travées, car la troisième devrait appartenir au chevet qui a sept pans coupés, comme la voûte le montre bien. Les nervures de la voûte sont en pierre, et sont comme l’épanouissement des colonnes cylindriques engagées contre les murs du nord et du midi. Ces colonnes donnent aussi naissance aux arcs doubleaux et reposent sur des bases, très curieuses par leur ornementation. A l’ouest, ces bases sont cannelées au sommet et, ornées de sortes de fer de lance. Au milieu, trois séries de losanges évidés et disposés comme en torsade, dominent des balustres saillants. Près du chevet enfin, des moulures prismatiques et losangées, alternent avec des baguettes. Point de fenêtre au nord. Au midi, deux hautes et étroites fenêtres romanes, mais celle de l’ouest est trilobée au sommet. Au fond de la nef, à gauche, une porte cintrée, ouvre sur l’escalier de pierre à vis, de la tourelle adjacente à la tour. Cet escalier est tout à fait moderne.
Le chevet :
Il se compose de sept pans coupés, abrités sous une voûte en brique, dont l’arc triomphal et les nervures, sont l’épanouissement des colonnes ornée, de tores et de cavets, engagés contre les murs ou les angles.
La sainte table forme une ligne en accolade vers le milieu du premier pan de droite et de gauche, et réduit ainsi le chevet à cinq pans coupés, mais répétons-le, ce chevet à sept pans, au fond. Le pan terminal a une fenêtre gothique divisée en deux baies trilobées au sommet, au moyen d’un meneau en pierre. La baie de gauche à pour sujet, Sainte-Fauste tenant la palme du martyr dans sa main droite. Saint-Laurent, patron de l’église, orne la baie de droite, il tient des vases sacrés pour les soustraire à la profanation. Le vitrail roman, à gauche, est orné de deux sujets : au fond, Saint-Paul s’appuie sur son glaive ; en haut, Saint-Pierre est armé de ses clés. Le vitrail de droite, roman, a aussi deux sujets : au fond, Saint Joseph orné d’un lis ; en haut, la Vierge Mère. Dans la nef, contre le mur du nord, une belle chaire en bois, dont les quatre panneaux de la cuve sont ornés de bas-reliefs : les quatre évangélistes. L’abat-voix est dominé par un élégant campanile à jour, présente à ses angles, les statues des quatre grands prophètes. Vers le fond du chevet, grand et bel autel de pierre, avec contrerétable et ciborium dominé par un pyramidon. A la face antérieure des arcatures, dont trois avec reliefs : au centre, le Pape Saint-Sixte, compagnon de Saint-Laurent ; à droite, Saint-Laurent avec son gril ; à gauche, Sainte-Fauste avec sa palme. Les douze apôtres sont sculptés contre le retable.
Au-delà de l’usure du temps, cette description est, pour l’essentiel, valable aujourd’hui.
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