Comme de nombreuses communes du département, Marignane garde trace des missions initiées par Eugène de Mazenod au tout début de la Restauration.
Comme de nombreuses communes du département, Marignane garde trace des missions initiées par Eugène de Mazenod au tout début de la Restauration.
Issu d’une famille de la noblesse provençale exilée à Nice sous la Révolution, il était entré dans les ordres, d’abord à Paris, notamment à Saint-Sulpice, avant un retour définitif en Provence en 1813, après le Concordat. Installé à Aix, avant sa tardive nomination en 1837 à la tête de l’évêché de Marseille, il conçut un apostolat tourné vers une ré évangélisation des populations rurales, pauvres, et jeunes, en s’appuyant sur la langue provençale. Rejoint par quelques prêtres vicaires, il créa l’œuvre des Missionnaires de Provence, rassemblant neuf membres fondateurs. Elle sera rebaptisée Oblats de Marie Immaculée en 1826, à la suite d’une fondation languedocienne à Nîmes.
Leur première mission s’est déroulée à Grans à partir du 24 février 1816, suivie de celle de Marignane. Celle-ci couvre la période du 17 novembre au 15 décembre 1816, relatée en détail dans le Journal de Mazenod publié en 1995 seulement par les Oblats.
Elle a été mise en œuvre par quatre compagnons de Mazenod, les pères Deblieu, Mie, Maunier et Tempier, accueillis par les paroissiens à la chapelle Saint-Nicolas. Ils effectuent à Marignane de nombreuses visites et rencontrent une population en grande partie décrite comme déchristianisée, plusieurs anecdotes s’arrêtant sur des situations de concubinages, de séparations, ou de handicap laissé pour compte. Prêches, sermons en chaire et conférences à l’église, confessions, assemblée des femmes dans la chapelle des pénitents, vont ainsi se succéder. Une spectaculaire procession nus pieds et corde au cou dans les rues souillées du bourg, le 24 novembre 1816, reprend la tradition des pénitents dont les missionnaires empruntent d’ailleurs la grande croix.
C’est tout naturellement que la commémoration de cette mission sera marquée par la plantation d’une croix, d’abord et semble-t-il, sur l’ancien mail dit Cours Saint-Nicolas (actuelle avenue Jean-Jaurès) à proximité de la chapelle des pénitents. Elle figure sur le cadastre napoléonien de 1818 et se trouve citée dans la Statistique du préfet de Villeneuve en 1824 (sans jamais toutefois être identifiée comme celle de la mission de 1816). Elle aurait ainsi marqué sous la Restauration cette extrémité de la promenade arborée sur laquelle l’église paroissiale va finalement s’ouvrir en 1826. Tout un pan de son histoire a disparu avec les archives de cette période. Il semble qu’un remplacement de la croix originelle, peut-être en bois, soit daté par le millésime de 1846 ajouré sur le cartel timbrant celle qu’on voit aujourd’hui. Il est fort probable que les pénitents, reconstitués en 1843, en soient les instigateurs. Croix de bois (?)… Croix de fer, celle-ci procède d’un travail de ferronnerie délicatement dentelée, surmontant un piédestal pyramidal tronqué de fine pierre calcaire animé par quelques denticules.
L’ensemble a fait l’objet d’un premier déplacement dans rue Guynemer, avant de retrouver, en 2021, son emplacement supposé originel, grâce à l’association des Amis de Marignane et de la Provence, en partenariat avec la Ville de Marignane.
Source Patrick Varrot, historien d’art – Février 2021
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