Le nom de la villa Paradis, sculpté en relief sur le linteau de la porte, en dit long sur les aspirations de la bourgeoisie de la Belle Epoque bâtisseuse de ces villas des faubourgs.
Son nom, sculpté en relief sur le linteau de la porte, en dit long sur les aspirations de la bourgeoisie de la Belle Epoque bâtisseuse de ces villas des faubourgs.
La villa Paradis fait face à celle des Camoin et se situe au n°12 de l’avenue Jean Jaurès, ancien chemin d’Aix.
Son histoire reste bien moins connue que celle de son homologue, bien que la tradition orale attribue l’initiative de sa construction au même Félicien Philippe Camoin dans les années 1910, et son exécution au même maçon d’origine berroise Joseph Louis Marie Jauffret (1869-avant 1934).
Les archives cadastrales orientent cependant vers une propriété du notaire Barthélemy Poyet (1866-1930), bâtie après 1915 sur d’anciennes vignes jouxtant des possessions de Marius Ruinat, pépiniériste et administrateur de la caisse locale de crédit agricole. Originaire de Vienne en Dauphiné, Poyet avait épousé Mathilde Aubert, petite-fille du peintre et directeur de l’ancienne école de dessin de Marseille. Président de la Chambre des notaires d’Aix, résidant aussi à Marseille, il occupait à Marignane, jusqu’en 1911 au moins, une maison de la rue d’Aix probablement voisine de cette nouvelle bâtisse. Mais seul l’ornement à la clé de la fenêtre centrale pourrait constituer un indice sur les premiers occupants : une ancre marine derrière laquelle est tendu un cordage sculpté.
Aujourd’hui cabinet médical, maison des jeunes dans les années 1950, elle a conservé son aspect de demeure mi bastide, mi hôtel particulier entre cour et jardin. Contrairement à la villa Camoin, la villa Paradis a conservé sa clôture. Elle repose sur un rustique muret de moellons interrompu par un portail encadré de deux piliers dont la taille et les proportions répondent savamment à ceux de la porte d’entrée.
De plan quasi carré à trois travées cantonnées de deux chaînages de pierre de taille, elle s’élève sur un étage mis en valeur par un balcon à balustres sculptés. Une frise continue de carreaux émaillés terminée par deux demi sphères souligne la toiture. On y distingue un décor végétal polychrome puisant dans le répertoire de l’Art Nouveau et confirmant ainsi une datation proche de la période 1900-1914. Selon les principes d’éclectisme en vogue à cette époque, l’imposte de la porte centrale adopte, lui, le style plus ancien des ferronneries du XVIIe siècle. A l’instar de celui de la villa Camoin, le faîte de la toiture à quatre pans porte une crête de terre cuite ajourée limitée par deux épis à bulbes. Un discret coup d’œil à l’intérieur révèle l’existence d’un vestibule d’entrée couvert d’une arche surbaissée stuquée soutenue par des consoles ouvragées.
Source Patrick Varrot, historien d’art – Février 2021
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