Abbaye de Barbery

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, 14220 Barbery

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Histoire

L’abbaye Notre Dame de Barbery fut fondée au XIIe siècle par la famille seigneuriale des Marmion.

Robert Marmion Seigneur de Fontenay, croisé à Jérusalem, promet de bâtir un monastère pour remercier le Ciel des faveurs obtenues dans cette…

L’abbaye Notre Dame de Barbery fut fondée au XIIe siècle par la famille seigneuriale des Marmion.

Robert Marmion Seigneur de Fontenay, croisé à Jérusalem, promet de bâtir un monastère pour remercier le Ciel des faveurs obtenues dans cette expédition.

Gouverneur de Falaise en 1138, il donne aux moines de Savigny une terre sise à Barbery pour y établir une « grange », à l’emplacement qui s’appelle encore aujourd’hui « la vielle abbaye », en 1140, date de fondation retenue.

L’abbaye de Savigny, fondée vers 1112 dans les forêts séparant la Normandie et la Bretagne, représente alors dans les régions de l’Ouest ce que Cîteaux est pour celles de l’Est : la réforme la plus hardie du monachisme bénédictin, la fuite loin du monde au cœur des bois, le refus de tout luxe, même liturgique, le retour au travail de la terre. Les deux mouvements sont d’ailleurs si proches que Savigny et ses filles deviennent dès 1147 une branche de l’ordre cistercien. En 1140 Savigny fonde également l’Abbaye de la Trappe.

Bien après la mort de son père en Angleterre, Robert Marmion le IVe confirme en 1176 la fondation de Barbery et l’étend par de nouvelles concessions. Le pape Alexandre III, par une bulle d’érection en 1177, institue Radulphe 1er, premier abbé de cette congrégation et en 1178, l’abbé de Savigny y envoie un groupe de moines pour constituer le premier noyau de la nouvelle communauté.

Ils se logent tous ensemble dans la ferme de la Vieille Abbaye. Ils y demeurent jusqu’ à ce qu’on érige quelques bâtiments convenables pour les loger au lieu où̀ est présentement l’abbaye. C’est une place extrêmement marécageuse en bordure de forêt, où l’on a déjà aménagé un étang et un moulin. Le nouvel établissement sera dédié à Notre Dame. Il est dit dans le canton que ce saint abbé́ excommunia les grenouilles comme saint Bernard l’avait fait des mouches de Fugny, parce que leurs cris continuels et importuns troublaient les religieux dans leurs offices de jour et de nuit en sorte qu’à peine s’entendaient-ils chanter.

Les descendants de Robert Marmion, fidèles aux traditions de leur famille, enrichissent successivement Barbery de leurs libéralités. Beaucoup d’autres propriétaires, grands et petits, s’associent à cette œuvre. Cela aurait du permettre d’entreprendre rapidement de nouvelles constructions. Elles sont cependant très lentes et la dédicace de l’église n’a lieu qu’en octobre 1247.

L’abbaye de Barbery est la 18e entre les filles du monastère de Savigny, et par là même appartient à l’ordre de Cîteaux et suit la règle de Saint Bernard. Ses abbés portent la croix pectorale en or, la crosse et la mitre, et ont le droit de séance à l’échiquier de Normandie. Les statuts et les habitudes de l’ordre imposent comme obligation outre prier Dieu, l’étude et le travail des mains. Les abbayes sont alors, non pas seulement de vastes oratoires, mais aussi de grandes entreprises de défrichement et des établissements d’instruction.

Un des moines de l’abbaye, Gervais de Barbery, est au XIIIe siècle l’auteur d’un bestiaire rimé de 1280 vers, qui présente successivement 29 bêtes.

Le 13e abbé, Guillaume, est un Marmion de la famille des fondateurs. Il est enterré dans la salle du chapitre, en 1339.

Durant les siècles suivants, un grand nombre de bienfaiteurs continuent de s’inscrire sur la liste de souscription pieuse ouverte par les Marmion comme l’attestent plusieurs centaines de chartes toutes subsistantes.

L’histoire de l’abbaye de Barbery est peu connue dans ses rapports avec les grands événements du temps du Moyen Âge, croisades, guerres anglaises, troubles publics, etc.

Comme presque partout le XVIe siècle est néfaste, avec la mise en commende, et surtout les ravages des luttes religieuses. Le seul fait établi est que Barbery est pillée et démolie par les huguenots en 1563. Il lui faut bien longtemps pour surmonter la crise. Un procès-verbal de 1618 montre encore les chapelles à l’abandon.

La restauration commence avec l’abbé Dom Louis Quinet, ancien confesseur du Cardinal de Richelieu : il impose aux moines en 1638 une stricte réforme, en avance sur Savigny et la Trappe, que Dominique George, ancien novice de Barbery, fait ensuite prévaloir au Val Richer. L’Abbaye joue ainsi un rôle important dans la grande réformation de l’ordre de Cîteaux, dite de l’Étroite Observance, au commencement du XVIIe siècle. Dom Louis Quinet est l’auteur de plusieurs ouvrages publiés à Caen et à Paris. Il est une des figures spirituelles les plus marquantes de Barbery.

L’abbaye a un collège et une maison à elle à Caen, avec deux bourses dans un autre collège. Elle y renonce plus tard, mais conserve à ses religieux le titre et les prérogatives d’agrégés de l’université.

Au XVIIIe siècle d’importants travaux de reconstruction et d’ornement sont entrepris par Dom Pierre Poisson et poursuivis par Dom Louis Audéric de Lastours à l’église et ailleurs. Dom Louis Audéric finit d’élever le cloître et le pavillon d’entrée, d’abord pensé en porterie, puis utilisé comme logis abbatial ; il est inhumé dans le sanctuaire en 1732.

Certaines parties des constructions de l’abbaye de Barbery sont remarquables. L’église et le réfectoire sont de style gothique primitif, sans aucun ornement de sculpture, si ce n’est trois ou quatre petites rosaces. L’ église est en forme de croix latine, le réfectoire tout d’un jet, en voûtes hautes larges et hardies, mais sans division ni piliers. Le grand et vaste logis des convers et frères donnés, qui est dans la grande cour, prouve qu’il y a eu au moins deux cents religieux. Des jardins l’agrémentent avec fontaines, jets d’eau et viviers.

Un léger tremblement de terre à Caen en 1776 fait tomber le clocher de pierre de l’église en forme de flèche gothique. Il est remplacé par une construction en charpente et ardoises.

La règle d’étroite observance se maintient jusque dans les derniers temps, puisque, sous l’abbé de Cairon, dernier abbé, ce monastère passe encore pour être le plus austère après celui de la Trappe. Ainsi à Barbery comme à la Trappe, les offices de nuit, les repas au réfectoire subsistent dans toute leur rigueur jusqu’en 1783 ; des règles inflexibles y préviennent toute espèce de sortie ; les cellules sont sans feu et les lits sans linge ; les moines se rasent la tête et se livrent au travail des mains. Leur costume consiste dans une robe de serge blanche, avec ceinture, chaperon et scapulaire noir.

Mais les bâtiments vastes et élégants, édifiés à cette époque et représentés sur un plan cavalier de 1783, apparaissent comme un vêtement trop ample pour une communauté qui ne dépasse plus alors 11 membres. L’abbaye est définitivement abandonnée par les moines à la révolution. Vendue comme bien national en 1791, elle est en grande partie détruite et utilisée en carrière de pierres.

Voici l’inventaire de ce qu’on y trouve :

-Un grand bâtiment agricole rectangulaire à deux étages en ruine, situé sur la commune de Barbery. Il date du 13e siècle et servait d’hôtellerie et de cellier. Le rez-de-chaussée possède des fenêtres ogivales hautes et étroites. L’étage est éclairé par des ouvertures en plein cintre. L’intérieur était couvert par des voûtes sur croisées d’ogives.

-Le logis abbatial, édifié au début du XVIIIe siècle est une grande maison élégante, à la fois sobre et soignée, ornée de pilastres ioniques, et flanquée de petits pavillon latéraux. Ce bâtiment servit d’abord de porterie pour l’abbaye, comme on peut le voir sur la façade sud et sur le plan cavalier de 1783, avant de devenir le logis de l’abbé de préférence à l’ancien logis, voisin du réfectoire et fort vétuste.

-Le cloître, élevé à partir de 1738 par l’architecte Boursier, de Falaise, n’est plus représenté que par quelques arcades et constitue un bon exemple de décor architectural classique. Les arcs surbaissés, dont certaines clefs sont constituées de têtes entourées de guirlandes, sont supportés par des piles rectangulaires dont le sommet est souligné par une console en saillie très garnie. Les écoinçons portent des feuillages. L’œuvre jure avec les principes d’austérité de l’ordre de Cîteaux.

-Un moulin, situé à une centaine de mètres en aval, sur le ruisseau du Val Clair, offre une ordonnance monumentale, qui rappelle, en plus simple, celle de la porterie : un corps central divisé en trois travées par des bandeaux de pierre blanche et couronné d’une corniche à modillons cubiques, flanqué de deux ailes plus basses.

– Sous les échafaudages, le mur d’entrée de l’abbatiale, séparant le narthex de la nef, orné de cinq arcatures trilobées, qui date de la fin du XIIIe ou du XIVe siècle.

– Le vivier et l’étang, éléments indispensables à la vie monastique

– et enfin le mur d’enceinte conventuelle de l’Abbaye qui a gardé un tracé presque intact et reste le témoin de cette présence cistercienne pendant des siècles.

De l’église il ne reste rien à l’exception de deux statues, l’une représentant Saint Benoit, l’autre la Vierge, transplantées dans l’église de Barbery, à 1km au sud du site de l’abbaye.

Le site reste ainsi extrêmement parlant. Toujours entouré de son mur de clôture qui le tient à l’écart du monde, au fond d’un vallon parcouru par le ruisseau du Val Clair, adossé à la forêt, en pays de Cinglais, on y perçoit encore l’âme cistercienne.

La légende affirme qu’un tunnel souterrain relierait certain bâtiments… N’est-ce qu’une légende ?

Propriété privée, visible de la voie publique.

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