L’église Saint-Quentin de Wirwignes est un joyau méconnu, inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 2006, et constitue un jalon essentiel dans le développement de l’Art Naïf.
Ainsi nommé au XIXème siècle pour désigner l’oeuvre du fameux douanier Rousseau, ce mouvement rassemble des œuvres, picturales comme architecturales, ne respectant pas les critères esthétiques de leur époque, et ancrées dans des représentations populaires, souvent réalisées par des artistes autodidactes.
Les artistes naïfs « osent croire que le temps n’est rien, que la mort même est une illusion et qu’au-delà de la misère, de la souffrance et de la peur […] pour qui sait voir, respirer et entendre, un paradis quotidien, un âge d’or avec ses fruits, ses parfums, ses musiques […] un éternel éden, où les sources de jouvence l’attendent pour effacer ses rides, ses fatigues. » André Malraux.
Et cette définition sied bien à la petite église de Wirwignes, nichée au cœur d’un village du Boulonnais.
Comme beaucoup d’églises du Boulonnais, l’église Saint-Quentin de Wirwignes témoigne d’une histoire longue et tourmentée. Edifiée au début du XIIème siècle, elle est remaniée successivement aux XVème et XVIème siècles, puis au XIXème, par l’abbé Paul Amédée Lecoutre, originaire du Nord, qui lui donne son aspect actuel.
Pendant 43 ans, l’abbé Lecoutre transforme son église et rend compte de ses nombreux pélerinages, à Lourdes comme en Terre Sainte, ce qui donne à certains éléments de la décoration un petit air d’Orient. Soucieux de prêcher et d’enseigner à ses ouailles, il offre à ses paroissiens un catéchisme monumental.
Les travaux commencent en 1869. Maître d’oeuvre, le prêtre s’entoure d’un ingénieur et d’un peintre-verrier, Gérard Emile et Lévêque.
Huit chapelles latérales sont créées le long de la « basse église » détruite en 1876. Le clocher est surélevé d’un niveau tandis qu’une flèche vient le couronner en 1880, d’après les plans de l’ingénieur Emile Gérard. En 1882, de nouveaux vitraux apportent une douce lumière à la nef. Pendant l’Entre-Deux-Guerres, la chapelle de la Vierge devient une grotte de Lourdes, avec faux rochers réalisés en ciment armé.
Et l’abbé y laissa la vie. Alors qu’il achevait de peindre la voûte céleste, âgé de 76 ans, il tombe de l’échafaudage et se tue en 1906. Cent ans plus tard, l’église est classée dans son ensemble, bâtiment, pavement et décor intérieur, par arrêté du 2 mai 2006.
Entrons par le portail, dans la belle église de l’abbé Lecoutre, admirer la très belle chaire, ou les couleurs vives des fresques et des voûtes, la fraîcheur des vitraux, qui confèrent à l’ensemble une impression de naïveté, certes, mais celle qui éclaire de l’intérieur.
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