Le château d’Angers se dresse fièrement au cœur de la ville. Monument incontournable du patrimoine angevin, son histoire est riche et mouvementée.
Aux origines du château d’Angers :
Le site est occupé au Mésolithique (6000 avant J-C) puis au Néolithique, comme l’atteste la présence d’un cairn. A l’époque gauloise, on y trouve les traces d’un oppidum, d’une petite agglomération fortifiée.
Au IXe siècle, alors que l’Ouest de la France subit les raids des Vikings, le roi Charles le Chauve, envoie un représentant défendre la région. Ce personnage, le premier comte d’Anjou, entreprend la construction d’un palais comtal. Situé sur un promontoire rocheux, il occupe une position stratégique, en surplomb de la Maine. Lorsque les comtes deviennent rois d’Angleterre, au XIIe siècle, sous les Plantagenêts, leur cour alors itinérante s’y tient à plusieurs reprises. Les souverains rénovent également le palais. Malheureusement, peu de vestiges subsiste de ce bâtiment. Les murs de la salle de réception, la chapelle Saint-Laud et les restes d’une étuve sont les seuls témoins encore visibles de cette époque.
L’une des plus imposantes forteresses du royaume de France :
Dans les années 1230, après l’intégration par la force de l’Anjou au royaume de France en 1206, la reine et régente Blanche de Castille transforme le château d’Angers en une véritable forteresse. Il s’agit de protéger la région des attaques de la Bretagne, alors alliée au royaume d’Angleterre. Cette forteresse impressionne par ses dimensions. Ses murs massifs de 1 km de long alternent tuffeau et bandes de schiste. Ils sont flanqués de 17 tours percées d’archères, et sont entourés de profondes douves. Deux portes ouvrent le château sur l’extérieur : l’une, au sud-est, vers la campagne appelée « Porte des Champs », et l’autre, au nord-est, vers la ville, la « Porte de Ville ». Notons que la porte des champs abrite encore aujourd’hui la plus vieille herse datée de France. Grâce à ces dispositifs défensifs exceptionnels, le château d’Angers est alors l’une des plus imposantes forteresses du pays.
Au XIVe et XVe siècles, les ducs d’Anjou rénovent le château d’Angers et en font une véritable résidence de plaisance. Ils construisent la chapelle et le logis royal dans le style gothique flamboyant. La chapelle édifiée par Louis II est remarquable par la petite loggia qu’elle abrite encore aujourd’hui permettant au duc et à sa famille d’assister aux offices en toute discrétion. Le logis, construit vers 1440 par René d’Anjou, se déploie sur trois niveaux percés de larges fenêtres par lesquelles le duc pouvait admirer ses jardins. Cependant, à sa mort, on renforce tout de même la fonction défensive du château en lui ajoutant des bastions devant ces portes.
Le château d’Angers : un témoin exceptionnel du faste de la cour des ducs d’Anjou :
Le château d’Angers abrite encore aujourd’hui un trésor de l’art médiéval : la tapisserie de l’Apocalypse. Commandé par le duc Louis Ier d’Anjou vers 1375, c’est aujourd’hui le plus grand ensemble de tapisserie connu. Il représente le dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse de saint Jean sur plus de 100 mètres. Notons cependant que le cycle original mesurait 140 mètres. L’artiste utilise le texte biblique pour évoquer les malheurs de son temps : la peste noire, la famine et la guerre de 100 ans.
Ces tapisseries constituent un témoignage exceptionnel du mécénat artistique des ducs d’Anjou qui culmine sous le règne du Roi René, entre 1434 et 1480. A cette époque, Angers est l’une des capitales culturelles de l’Europe, attirant auteurs et peintres. Le souverain qui est également écrivain s’attache les services du célèbre artiste flamand Barthélémy d’Eyck. Celui-ci demeure à sa cour entre 1444 et 1470 et enlumine plusieurs de ses œuvres. Le château d’Angers est également le théâtre de fêtes et de tournois fastueux. Ses jardins constituent alors un conservatoire de plantes et essences rares ramenées par le duc d’Anjou lors de ses voyages.
Les transformations du château d’Angers à l’époque moderne :
A la fin du XVIe siècle, la ville d’Angers est prise à deux reprises par les Huguenots. Le roi Henri III ordonne alors la destruction du château pour qu’on ne puisse plus l’utiliser contre la couronne. Finalement, alors que les travaux de démantèlement progressent lentement, on décide de le conserver et de l’adapter aux besoins de l’artillerie. On crée des plate-formes pouvant accueillir des canons. On transforme également les étroites archères en larges canonnières et on retire les toits en poivrière des tours. Ces transformations donne au château son allure actuelle.
Le château d’Angers sert alors de lieu de garnison et de prison. De célèbres détenus y sont incarcérés. Citons par exemple le surintendant des finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet. Il est enfermé trois semaines au château d’Angers après son arrestation au château des ducs de Bretagne à Nantes en 1661, sous la conduite du célèbre mousquetaire du roi, D’Artagnan ! Lors de la guerre d’Indépendance des États-Unis, entre 1779 et 1781, on y emprisonne plus de 600 marins anglais. La forteresse devient aussi un lieu d’enfermement pour des centaines de contre-révolutionnaires sous la Révolution, et des milliers de combattants de nationalités diverses lors des guerres napoléoniennes. En 1856, avec la construction d’une nouvelle prison plus au sud, le château d’Angers perd sa fonction carcérale.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les bombes alliées endommagent le château d’Angers alors que les Allemands occupent le site. Après la guerre, on réalise de grands travaux et on aménage des jardins dans l’enceinte. Le lieu ouvre au public en 1947. C’est aujourd’hui un lieu incontournable pour les angevins et les amoureux de patrimoine.
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