Vic-Fezensac présente dans l’histoire des villages gersois une structure particulière puisque Vic a été à la fois une SAUVETÉ et un CASTELNAU.
Au XIème siècle, Vic-Fezensac était un lieu de SAUVETÉ (refuge) spécialement protégé par le seigneur du lieu. C’est dans la pratique du droit d’asile et l’institution de la paix de Dieu où, dans un court délai, le seigneur laïque « jure la SAUVETÉ » : il abandonne certains de ses droits seigneuriaux mais surtout garantit le lieu, église ou monastère, ainsi que l’agglomération subordonnée à toute agression.
C’est un pouvoir partagé entre l’autorité seigneuriale et l’autorité ecclésiastique, qui elle même, ajoute la menace d’excommunication spirituelle contre tout agresseur éventuel.
Au début du XIème siècle, Vic-Fezensac se présentait sous forme bipolaire :
– un château comtal, résidence des Ducs de Gascogne,
– une église qui appartenait à l’archevêché d’Auch.
Les Archevêchés d’Auch exerçaient les droits d’un vrai seigneur qui les mettaient en rivalité avec les comtes de Fezensac. C’est Pierre de Vic qui finalement restitua l’église à l’Archevêché dans les années 1090. Le Comte AYMERIC II FORTON ratifia cette donation dont une clause spécifiait que Vic-Fezensac devenait un lieu de SAUVETÉ. Ce fût le « premier équipement collectif » structurateur de nos villages.
Par la suite, la population s’agglutina autour des deux noyaux : église et château. L’abrogation de ces deux centres constitua peu à peu la ville de Vic telle qu’elle est actuellement. On peut ainsi parler de Vic également sous la forme d’un CASTELNAU. Il s’agit là d’un village aggloméré autour d’un château dont dérive la grande majorité de nos villages gersois. L’essor urbain en a oblitéré la structure.
Cette première église fût complètement détruite vers 1160.
L’église Saint Pierre actuelle fut reconstruite vers 1190 à la même place mais a subi, depuis, plusieurs remaniements en particulier au XVème siècle.
Devant l’entrée, cette porte ogivale est du XVème siècle ainsi que le clocher, au coin nord-ouest, établi en poivrière.
Le clocher primitif s’élevait au coin sud-ouest en tour carrée qui aujourd’hui, est rasée au niveau des combles.
En 1190, il existait un cloître adossé à l’église comme tous les cloîtres de cette époque. Il comprenait un promenoir couvert autour d’une cour, un réfectoire, une salle commune et des chambres. Il y avait environ dix chanoines. Les ouvertures romanes sont encore visibles bien que fermées sur la façade Nord.
Le promenoir et les jardins s’étendaient sur toute cette esplanade. La place du collège actuel était un étang car ils s’installaient toujours à côté d’un point d’eau. De ce cloître, il ne reste malheureusement plus rien, MONTGOMERY le brûla en 1569.
A l’extérieur depuis la place du curé Thiard, nous voyons un enfeu (XVè) qui laisse apparaître, dans la pierre, la place du corps nu sans cercueil ainsi que la rainure qui logea la plaque funéraire : une arcade ogivale protège le tout.
A la fin du XVème siècle, les chanoines firent bâtir un nouveau cloître qui resta inachevé. Il était composé uniquement d’une lourde et massive maison carrée à trois étages, sans ouverture, reliée à la sacristie de la collégiale par des constructions démolies en 1757.
C’est aujourd’hui la Tour du Chapitre aménagée en appartements privés. A l’époque, elle servit seulement à loger les archives et à abriter les assemblées capitulaires.
Depuis la rue St Pierre, nous voyons ce qu’il reste de plus beau de l’époque romane : l’abside et l’absidiole méridionale avec leur belle voûte en cul de four que nous verrons intra-muros.
Le clocher, au dessus de l’abside, est d’époque récente. Il fut édifié vers 1850. C’est une tour octogonale surmontée d’une coupole et d’un belvédère à 8 pans. On dit que le maître maçon BENETRIX et le charpentier MERLE l’exécutèrent en prenant pour modèle celui de BRIANÇON qu’ils avaient remarqué dans leur tour de France.
Avant de pénétrer dans l’église, regarder sur votre gauche au sud-est dissimulée au milieu des maisons une tour carrée aux constructions récentes : c’était la tour de l’Archevêque co-seigneur de Vic. Là logeait le clavaire qui administrait les revenus épiscopaux d’une dizaine de paroisse rurales. Là, le bayle épiscopal rendait la justice et enfermait les prisonniers. A partir du XVIème siècle, c’est devenu une maison particulière. Louis XIV y logea lorsqu’il traversa Vic pour se rendre à Saint jean de Luz en 1660.
Nous allons pénétrer dans l’église par la porte Sud sur le côté de l’église ouverte au XVème siècle. Cette église était primitivement comme aujourd’hui, c’est à dire à 3 nefs sans transept construit sur un plan basilical.
Ces 3 nefs étaient alors recouvertes de voûtes de pierres de forme semi-cylindrique. Leur base est indiquée par une rangée de grosses perles que l’on voit dans le chevet. Les voûtes latérales actuelles sont plus basses que les anciennes. La nef centrale conserve sa hauteur primitive. Ces voûtes en carène de bateau ont été restaurées vers 1973.
Les 3 nefs sont séparées par de massifs piliers octogonaux du XVIIème siècle. Ils furent élevés en 1606 pour soutenir les voûtes ogivales en bois.
Par contre, les murs latéraux sont d’époque romane avec le soubassement continu appelé stylobate que l’on retrouve par endroit supportant une colonnade.
Les pilastres cylindriques à demi-engagés dans leur mur sont également d’époque romane.
Nous allons approcher du chevet de l’église qui se montre tel qu’il était à l’origine : il est en demi-cercle voûté en cul-de-four, orné à son entrée d’une demi-colonne dont le fût est remarquablement conservé et bordé à sa partie supérieure par le fameux cordon de boule.
Le Maître Autel avec ses belles colonnes de marbre rouge échappa en partie aux destructions révolutionnaires. On peut admirer autour du tabernacle 4 anges adorateurs de marbre blanc. Une vierge faisant partie d’une Assomption (vierge qui monte au ciel) existait sur l’Autel. Elle fût malheureusement enlevée pour figurer dans un musée en formation à Auch. On pense qu’elle aurait échoué à Lectoure où elle orne l’Autel du Choeur ou bien qu’elle serait dans la cathédrale d’Auch).
A gauche du chevet se trouve actuellement la sacristie car, au XVIème siècle, le mouvement de la renaissance ayant multiplié les ornements et vases sacrés, les sacristies étaient trop exiguës.
Primitivement, sa place était occupée par une absidiole semi-circulaire voûtée elle aussi en cul-de-four. La porte d’entrée est surmontée de 2 chapiteaux romans d’une rare élégance.
Aux quatre coins de la pièce, remarquez les culots qui supportaient une voûte d’arêtes du XVème siècle qui s’écroula en 1754.
A droite, l’absidiole symétrique existe encore de l’autre côté du Choeur. Les chapiteaux romans y figurent en bonne place. Les ouvertures étroites sont également caractéristiques de l’époque romane. il faut rapporter au XVème siècle une fresque en très mauvais état qui orne la coupole et les murs de l’absidiole. Il s’agit des apôtres et des saints vêtus de costumes somptueux.
La révolution respecta l’église Saint Pierre, laissant subsister les Cinq Autels qu’elle abritait :
– le Maître-Autel,
– l’Autel Saint Joseph à droite,
– l’Autel de Notre Dame de Pitié à gauche dû à Mogès, prêtre de Vic en 1680. Il est semblable à celui de Notre Dame des Agonisants de la cathédrale d’Auch dont le sculpteur était Douilhé,
– l’Autel du Sacré-Coeur a été récemment rénové en 1973,
– l’Autel de la Vierge.
Au milieu du fond de l’église, s’élève l’orgue qui fût placé là vers 1860. Il masque une très grande baie de style ogivale flamboyant. A droite, vous pourrez admirer les fonts baptismaux qui sont classés monuments historiques.
Ils comprennent 2 parties :
– un bas relief représentant le baptême de Jésus,
– un groupe de trois chérubins ailés qui, posés sur un socle triangulaire, soutiennent une vasque circulaire aux bords ondulés. L’oeuvre est taillée dans une seul bloc de marbre. C’est une belle facture dans un style un peu maniéré du XVIIIème siècle.
LEXIQUE
Chanoine : Dignitaire écclésiastique membre du chapitre d’une église cathédrale, collégiale.
Enfeu : Niche funéraire à fond plat pratiquée dans les murs des églises pour y recevoir des tombes.
Abside : Extrémité d’une église derrière le choeur lorsqu’elle est arrondie en hémicycle.
Absidiole : Petite chapelle en demi-cercle d’une abside.
Intra-muros : En dedans des murs, à l’intérieur
Clavaire : Administrateur chargé de relever les redevances épiscopales
Stylobate : Soubassement continu, orné de moulures, supportant une colonnade.
Tabernacle : Petite armoire fermant à clef qui occupe le milieu de l’Autel d’une église et contient le ciboire.
Pilastre : Pilier engagé, colonne engagée dans un mur ou un support et formant une légère saillie.
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