De l’extérieur, surgit l’architecture majestueuse de Notre-Dame des Ardilliers, une chapelle de pèlerinage qui attire touristes et pèlerins depuis le XVIIème siècle. Principale église baroque de la France de l’Ouest, visible de la route et du fleuve, elle se détache par le noir des ardoises et le blanc de la pierre locale – le « tuffeau » – entre le bleu-gris de la Loire et la verdure du coteau.
L’élévation frappe : on passe d’une base carrée à une coupole, surmontée d’un lanterneau et d’une croix dorée, s’élevant à 50 mètres. La chapelle actuelle, édifiée de 1630 à 1695, a remplacé une petite chapelle gothique des années 1540. Construit avec les subsides de la famille royale et de hauts personnages, l’édifice témoigne de l’affirmation du catholicisme à Saumur sous Louis XIII et Louis XIV.
Dès qu’on pénètre à l’intérieur, l’ampleur de la rotonde saisit avec ses 32 mètres sous la voûte. Celle-ci, amplement travaillée, fait apparaître en dessous des bas-reliefs de la fin du XVIIème siècle, les évangélistes, avec leurs symboles, et quatre Pères de l’Église de la fin de l’Antiquité. Une si vaste rotonde devait permettre d’accueillir une foule de plusieurs centaines de pèlerins, chaque petite chapelle dans les angles permettant de prier et d’offrir des cierges.
En s’avançant, on passe de la nef au chœur dominé par un grand retable. Cette construction sculptée dans la pierre s’élevant de l’autel jusqu’à la voûte est typique de l’art baroque. Il exalte la gloire de Dieu par la présence des anges, les couronnes, les guirlandes de fleurs et de fruits, et bien sûr le motif central de la Croix, cœur du christianisme. Ce retable grandiose, offert par Marie-Thérèse d’Espagne, épouse de Louis XIV, voit son caractère ostentatoire adouci par la sobriété du jeu chromatique en noir et blanc.
De part et d’autre de la nef s’inscrivent deux chapelles éclairées par des vitraux contemporains ornés des symboles de la Passion : bois de la Croix, clous, lance du centurion qui perça le cœur de Jésus, éponge sur un bâton destinée à le désaltérer.
La chapelle de gauche, financée par Richelieu, renferme l’objet majeur du pèlerinage : une statue de Marie avec le corps du Christ – une pietà – ; découverte par un paysan dans son champ au milieu du XVe siècle, reconstituée après la Révolution, elle n’a cessé d’attirer les visiteurs. Elle est abritée derrière une grille dorée sous un retable du XIXe siècle, évoquant la descente de croix, comme le bas-relief en marbre gris en contrebas.
La chapelle de droite, offerte au milieu du XVIIe siècle par un autre ministre, Abel Servien, comporte un retable d’époque décoré d’un bas-relief tardif (datant du milieu du XIXe siècle) représentant la Fuite en Égypte de Marie, Joseph avec l’enfant Jésus pour échapper à la persécution du roi Hérode. La décoration d’origine est à l’opposé. Il s’agit d’un tableau de Philippe de Champaigne montrant la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem (un vieil homme, Siméon, reconnaît en l’enfant le futur Sauveur). Une autre toile, côté vitraux, fut offerte par Saint-Aignan, en Berry, pour remercier Notre-Dame d’avoir été épargné d’une épidémie.
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